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Après la peau,

Une exposition de Golnaz Payani
Du 11 octobre 2025 au 4 janvier 2026

« Après la peau, il n’y a personne » sont les premiers mots, assez déroutants, d’un poème récemment écrit par Golnaz Payani parce que Golnaz Payani, oui, écrit de la poésie. Et cela signifie quelque chose. L’art de cette artiste née à Téhéran est empli d’une grande force d’évocation, il appelle à ce que l’on ne voit pas où que l’on ne voit pas dans l’immédiat notamment parce qu’il travaille cette matière insaisissable que l’on appelle le temps et ses œuvres en sont la trace, la marque bien vivante.


Facilement reconnaissables, les œuvres de Golnaz Payani ont cette particularité d’être généralement fait de tissus soigneusement détissés… mais pourquoi donc ? Quelles raisons motives une action qui en plus de prendre du temps, est laborieuse ? Les réponses sont multiples et trouvent une partie de leurs origines à Téhéran, la capitale iranienne où patrouille sans cesse une police religieuse obnubilée par le respect des préceptes religieux censés obligés toute femme à se couvrir toujours davantage.


Détisser le tissu ; c’est le rendre transparent, on pourrait dire « tout simplement », mais cette mise à nu du tissu résonne véritablement comme un acte de résistance. Une résistance discrète, à peine perceptible et dont les effets sont moindres, mais dont nous pouvons tout de même sentir l’importance, la gravité, quasiment l’acharnement à pouvoir encore exister à l’heure même des nouvelles mesures vestimentaires, plus draconiennes encore, récemment penser par le gouvernement de la république islamique d’Iran.


Malgré cette résistance, ces tissus détissés mis à nu, forme de mue de ce qui échappe aux corps policés, proclament leur fragilité et en livre un témoignage pudique. Après la peau, il n’y a personne, car cette peau sur la nôtre ; nous habit, nous incarne, elle nous révèle et nous cache. C’est bien à cet exercice auquel se livre Golnaz Payani, investir cet espace improbable où ce qui disparait apparaît dans le même temps.